Un vendeur peut-il se rétracter après avoir reçu une offre d'achat ?
En tant que vendeur, lorsque vous signez une offre d'achat pour votre bien immobilier, vous vous engagez sur le moment de manière ferme et irrévocable à finaliser la vente avec l'acquéreur.
Contrairement à ce dernier, vous ne bénéficiez d'aucun délai de rétractation d’offre d’achat et ne pouvez revenir sur votre accord que dans des cas exceptionnels prévus par la loi. Si vous changez d'avis, il vous sera très difficile d'annuler la vente sans l'accord de l'acheteur ou une procédure judiciaire.
L'offre d'achat, un engagement ferme et définitif pour le vendeur
Une offre d'achat est un document écrit par lequel un candidat acquéreur manifeste formellement son intérêt pour l'acquisition de votre bien immobilier, aux conditions qu'il propose. Plus qu'une simple déclaration d'intention, il s'agit d'un véritable acte juridique qui engage légalement les parties dès lors que vous y apposez votre signature en tant que vendeur.
Savez-vous
combien vaut votre bien ?
Notre estimation est fiable, instantanée et gratuite !
En effet, signer une offre d'achat signifie que vous acceptez officiellement de céder votre bien à l'acheteur selon les modalités mentionnées, notamment le prix. Vous vous engagez ainsi à lui vendre le bien et à poursuivre le processus de vente jusqu'à sa conclusion, c'est-à-dire la signature de l'acte authentique chez le notaire.
C'est la raison pour laquelle il est primordial d'analyser avec la plus grande attention tous les éléments figurant dans l'offre d'achat avant de donner votre accord de principe :
L'identité précise et les coordonnées de l'acheteur
Le prix d'achat proposé
La date de validité de l'offre
Le mode de financement envisagé (prêt, apport)
Les éventuelles clauses suspensives
Les délais pour la signature de l'avant-contrat et de l'acte authentique
Prenez le temps de la réflexion et n'hésitez pas à en discuter avec l'acquéreur potentiel ou votre agent immobilier si vous avez confié la vente à une agence. Il est aussi important de vérifier que toutes les mentions obligatoires sont bien présentes dans le document, sous peine de nullité.
Une rétractation quasi-impossible pour le vendeur
Depuis la loi Hamon de 2014, tout acquéreur immobilier bénéficie d'un délai légal de rétractation de 10 jours après la signature de l'avant-contrat (compromis ou promesse unilatérale de vente). Cette période de rétractation était auparavant de 7 jours. Durant cette période, il peut renoncer à l'achat sans avoir à justifier sa décision ni à payer d'indemnité. Ce "droit de repentir" permet de revenir sur un engagement pris parfois de façon précipitée.
En revanche, ce n'est pas le cas pour le vendeur. En effet, vous ne disposez d'aucune faculté de rétractation une fois que vous avez formellement accepté l'offre d'achat. Il n'est donc plus question de changer d'avis, sauf dans des situations très particulières :
L'acheteur n'a pas levé une clause suspensive dans les temps (comme l'obtention de son crédit immobilier)
L'offre d'achat comporte une irrégularité qui la rend juridiquement nulle et non avenue
Il est explicitement indiqué dans l'offre que votre engagement deviendra effectif uniquement lors de la signature de l'avant-contrat
Hormis ces cas de figure, si vous vous rétractez alors que vous avez signé l'offre, vous vous exposez à de lourdes conséquences. L'acquéreur est en effet en droit d'exiger que la vente soit réalisée, comme convenu. Mieux, il peut entamer une procédure judiciaire pour vous contraindre à vendre et à lui verser des dommages et intérêts en réparation de son préjudice.
Comme vous le constatez, signer une offre d'achat vous engage de manière quasiment irrémédiable à vendre votre bien. Il est donc crucial de mesurer pleinement la portée de votre accord avant de le donner, pour ne pas avoir de mauvaise surprise.
Savez-vous
combien vaut votre bien ?
Notre estimation est fiable, instantanée et gratuite !
Quelles options si l'acheteur ne donne plus de nouvelles ?
Imaginons que vous acceptiez l'offre d'achat de votre bien, mais que dans les jours qui suivent, l'acquéreur ne se manifeste plus. Pouvez-vous considérer que le projet est abandonné et remettre votre bien en vente ? Aussi tentant que cela puisse être, ce n'est pas envisageable d'un point de vue légal.
En effet, comme évoqué ci-dessus, seul l'acheteur a la possibilité de se désengager, en faisant valoir son droit de rétractation dans un délai de 10 jours ou encore en invoquant une condition suspensive. Vous devez donc prendre votre mal en patience et attendre son retour pour connaître ses intentions réelles, et le cas échéant sa volonté d'annuler son achat.
Cela souligne l'importance de bien étudier le profil d'un candidat acquéreur avant de donner suite à son offre d'achat. Intéressez-vous en particulier :
À son sérieux et sa motivation
À sa situation financière et sa capacité réelle à financer l'acquisition
À ses précédentes expériences immobilières le cas échéant
Un bon contact en amont avec le candidat permet de s'assurer de la faisabilité du projet et de limiter les risques de déconvenue.
Annuler malgré tout la vente : un chemin semé d'embûches
Si malgré les mises en garde, vous souhaitez à tout prix annuler la vente de votre logement après avoir signé une offre d'achat, sachez que cela est possible. Vous pouvez négocier directement avec l'acquéreur pour trouver un accord amiable de résiliation de l'offre. Vous devrez probablement le dédommager financièrement. Autre possibilité, vous pouvez prouver par tous moyens que l'acquéreur n'a pas respecté l'une de ses obligations et demander une annulation judiciaire du compromis de vente. Cela implique en revanche d’aller en justice.
Dans tous les cas, il est préférable d'agir très en amont, idéalement avant la signature de l'avant-contrat (compromis ou promesse) qui marque définitivement l'accord des parties. Pour une sécurité juridique maximale, faites-vous épauler par un professionnel de l'immobilier qui vous conseillera à chaque étape de votre projet de vente.
Pour résumer :
L'offre d'achat engage le vendeur dès sa signature, sans droit de rétractation
Le vendeur ne peut revenir sur son accord que dans des cas très limités
Si l'acheteur disparaît après l'offre, le vendeur doit attendre qu'il se désiste officiellement
Une annulation de l'offre par le vendeur est complexe et se fait à l'amiable ou en justice
Sources : Article L271-1 du Code de la construction